Saturday, February 19, 2011

J'ai récemment commencé a suivre cette nouvelle série, très divertissante dans tous les sens du terme ;)

Vous allez surement vous en réjour aussi ....
 
Diffusée l'été dernier aux États-Unis, Hung est l'une des dernières créations en date d'HBO. Créée par Dmitry Lipkin et Colette Burson - déjà à la barre de The Riches - cette "dramédie" très caustique a remporté un véritable triomphe dès le premier soir de sa diffusion. Preuve de ce succès : près de 3 millions de téléspectateurs étaient derrière leurs postes pour les débuts de la série en juin 2009. Le meilleur lancement de la chaîne câblée depuis John from Cincinnati en 2007 !

Le sujet de Hung, a priori, n'avait pourtant rien de très fédérateur... Qui pouvait penser que les mésaventures de Ray Drecker, entraîneur de basket un peu naze - mais doté d'une virilité à faire pâlir d'envie Rocco Siffredi - intéresserait grand monde ? Le pari était à l'image de la série : plutôt osé. Mais - comme vous le savez - le sexe ne fait pas tout dans la vie. Avec des qualités d'écriture et de mise en scène vraiment remarquables, Hung ne pouvait qu'être un succès... Le générique est lui-même à la hauteur du programme : réussissant à rendre sensible en une minute et vingt-trois plans le ton et le thème de la série, c'est un petit bijou dans son genre...

Hung générique 01

Dès la première image, le décor est posé : une grande métropole américaine. Nous le saurons en regardant la série, il s'agit de Détroit - ville connue principalement pour son industrie automobile (d'où son surnom The Motor City ou Motown). Simple plan de situation ? Pas seulement... Car une fois la suite en tête, ce premier plan s'éclaire d'une façon tout à fait nouvelle - et l'on se rend compte qu'il contient déjà en lui les trois motifs structurant du générique et du récit : le phallus (les gratte-ciels), l'élément féminin (l'eau) et la dimension industrielle (la péniche). Trois motifs qui seront filés - dans toutes les positions possibles - tout au long de la minute qui suit...

Hung générique 02

Nous l'avons dit, Hung raconte l'histoire de Ray Drecker (magnifiquement joué par Thomas Jane). Personnage principal de la série, c'est à lui que revient l'honneur de nous guider dans le générique. Ce qu'il fait d'ailleurs de manière plutôt surprenante : en se déshabillant au fur et à mesure des plans, jusqu'à la nudité totale !
Quand on connaît la série, le clin d'œil à l'intrigue coule de source. Entraîneur de basket aux muscles saillants, avantageusement gâté par la nature, Ray va se retrouver à devoir vendre son corps pour subvenir à ses besoins. À ce titre, les symboles phalliques présents au cours du générique vont être innombrables : gratte-ciels, statue en bronze d'un poing tendu, saucisses en train de cuire sur un grill, cône de glace à la fraise, pompes à essence, tuyau d'arrosage... Une accumulation qui provoque à la fois la surprise et le rire. Le ton est donné, pas de doute possible : avec Hung, nous avons à faire à une comédie.

Hung générique 03

La présence notable d'éléments féminins au cours de cette minute de générique, va dans le même sens. Statue avec un orifice béant (au quatrième plan), passantes qui se retournent, femme tenant un tuyau d'arrosage qui goutte, l'eau du lac à la toute fin... Visiblement, donc, Ray Drecker ne laisse pas les femmes indifférentes.
À l'aise avec son corps (il se déshabille en public), batifolant dans l'eau avec plaisir, il semble taillé sur-mesure pour le métier de prostitué mâle (le panneau "For sale"/ "à vendre" est même carrément explicite).

Hung générique 04
Il y a les images, certes, mais il y a aussi la musique... Amis mélomanes, sachez que c'est une musique du groupe The Black Keys qu'on entend sur les images. Le nom de la chanson ne vous surprendra pas : "I'll be your Man" (qu'on peut traduire littéralement par : "Je serai ton mec "). Un titre qui vient renforcer à sa manière (et une fois de plus) la trame du générique. Dès le premier vers, les choses sont claires : "Need a new love - I'm ready" ("Besoin d'amour - Je suis prêt"). Puis ce refrain, très lancinant : "I'll be your Man", repris plusieurs fois d'affilée.
 

Hung générique 05

Nous pourrions continuer à l'infini l'inventaire des éléments sexuellement explicites visibles dans le générique. Ce serait amusant mais cela nous ferait passer à côté de l'essentiel : à savoir le désespoir profond qui est en fait présent au cœur de la série.
Se déshabiller, comme le fait Ray, est sexuellement connoté. Mais c'est aussi, comme on dit dans le langage courant, le signe qu'on se retrouve "à poil". Dépourvu de tout. Exactement comme ce qui arrive au personnage principal dans le pilote quand sa maison brûle et que son existence part en fumée. Ray ne craindra-t-il d'ailleurs pas pour son job au cours de la série ?
Le fait que Hung se déroule à Détroit n'est évidemment pas anodin. Grande cité industrielle sur le déclin, la ville connaît un taux de chômage très élevé. Ses usines sont gagnées par la rouille et l'abandon - on peut le constater nous-mêmes dans le générique, lorsque Ray passe devant un bâtiment en friche.
Ainsi, derrière le vernis de la comédie, la série se fait plus sérieuse, plus critique, plus grinçante. En racontant l'histoire d'un homme forcé à se prostituer, c'est le portrait d'une société en voie de précarisation qu'elle peint au fond.

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